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  Genève-Tirana : Journal de bord                              
                                                           
 
Vendredi 07.10.2005
Concept de départ : faire à manger albanais, avec les produits trouvables en Suisse. Difficulté supplémentaire imprévue : faire à manger avec les ustensiles de la cafet’
Assez réussi mais le börek, bien que délicieux, a quand même l’air ridicule à côté de celui gentiment amené par Olta, une Albanaise de l’Université Populaire Albanaise venue nous souhaiter bon voyage avec une amie.
Bar à Tequila assez méchant. Les responsables de l’UPA ne peuvent pas venir mais nous mailent un « bon voyage ».
   
                           
                                                           
Samedi 8.10.2005
Départ de Genève à 11h… Milan à 15h pour un café devant la gare… On laisse nos sacs à la consigne… tout le monde bip dans le portail de détection mais personne ne contrôle rien. Premier café hors de prix devant la gare… Raph reçoit un SMS, se lève, et revient avec le Monde avec un article sur lui dedans… il se plaint que ça ne soit pas en première page !
Marche sur une super longue avenue à la recherche d’un lieu pour regarder le match de foot Albanie-Ukraine. Métro jusqu’au centre, visite du Duomo… Office du tourisme qui nous renvoie au consulat Albanais, sur la place principale… mais c’est fermé le samedi ! Puis dans un bar du supporters de foot où ils ne passent que le match italien…
 
                       
A la FNAC pour fouiller dans des guides et sur internet (ambiance il faut donner nos passeport à l’information pour pouvoir utiliser les ordis)… On ne trouve qu’une piste : Piazza Tirana, 19 arrêts de tram plus loin (40 minutes)… Arrivée dans un lieu un peu glauque, pas spécialement albanais… Tour du quartier… Gare qui nous permettrait de retourner plus rapidement à la gare mais l’automate est défoncé, ne tient ensemble que grâce à du scotch. Des contrôleurs sont là mais pas possible d’acheter des billets, ils nous disent de prendre le tram !
Dans un journal qui traîne, on voit que le match aurait été avancé à 18h… Olivier se fait incendier parce qu'il avait vu qu’il était à 20h45… quoi qu’il en soit, on aurait pas pu le voir…
On mange une pizza à la pizzeria Tirana pour compenser… Pas très bonne mais mythique !
Tram 14 pour revenir à la gare, pas facile de trouver un café sympa en dehors… on attend marie qui bossait à Genève l’après-midi et qui doit nous rejoindre à Milan. Martinis-Orange énormes et espressi minuscules… Train de nuit pour Termoli, nuit calme et courte.
                                                           
           
                                                           
           
   
                         

Dimanche 9.10.2005
Camille nous réveille à 5h20. On descend à Termoli à 6h. Café devant la gare. On va voir les horaires de train pour Campomarino, village trouvé via internet, où l’on parlerait encore Arberesh, langue albanaise « figée » du quatrocento, importée avec l’exile des Albanais lors des invsasions ottomanes puis lorsque Skenderbeu a reçu des terres pour avoir aidé le roi de Naples. Pas de train possible pour nous (on repart pour Lecce à 15h) aujourd’hui dimanche. On décide d’aller à la mer et d’aviser… On se prend un orage sur la gueule… et les sacs, il n’y a évidemment pas de consignes à la gare). On squatte sous un cabanon de souvenirs en attendant que ça se calme un peu… Retour à la gare après l’achat de quelques parapluies, décidés à prendre un train plus tôt pour aller à Lecce… mais il n’y en a pas… on attend un hypothétique bus pour Campomarino à 9h…. mais l’aller-retour est impossible aujourd’hui… On demande à un taxi qui accepte pour 20€ de nous y amener… Il demande si on veut aller à la mer ou au village… On choisi la mer parce que c’est ce qui ressemble le plus au site internet que l’on avait vu… On lui demande s’il y a une communauté albanaise et il nous dit qu’il sait où nous déposer si on veut voir « des gens de ce type »… Il nous dépose « où il y en a beaucoup qui vivent ». Il nous lâche en réalité devant un hôtel où il y a 2-3 gars qui nous matent en se demandant ce qu’on fout là…. Balade à la recherche de rien qui devient, dans ce lieu en saison morte, une sorte d’anti-tourisme, de dérive foireuse… d’explorations de non-zones…

       
                               
       
   
On tombe sur un panneau qui nous semble traduit à la main en albanais… on arrive devant un restaurant et Marie demande s’il y a un restaurant albanais dans le coin, en expliquant le projet… Mauricio, le responsable des lieux, explique que sa femme est Tchèque et que le panneau qu’on a vu était en tchèque… Mais ses grands-parents étaient albanais… Il nous invite à boire un café et il appelle un de ses amis, un chef d’orchestre nommé Otavio (ça s’invente pas), qu’il appelle le Maestro… Lui aussi a des ancêtres albanais… il connaît très bien cette culture, l’histoire de cette exode… Il nous fait un exposé très intéressant sur la culture Arberesh, l’histoire de la région et la situation actuelle.
Les communautés albanaise immigrées récemment ne se mélangent pas du tout aux Arberesh, qui ont une culture spécifique… (tensions, comme on l’avait déjà ressenti à Genève, entre albanais « historiques » et Kosovar « peu cultivés, pauvres, musulmans… »)… La communauté arberesh est beaucoup moins nombreuse et infiniment moins bien organisée ici qu’en Sicile par exemple, où il existe des écoles… et est en train de disparaître… Ils sont 350'000 en tout en Italie.
     
Ils nous emmènent en voiture à Campomarino-village… ses aigles sur les portails de maison, sa rue Skenderbeu… Puis vers un village « un peu refermé sur lui-même », un peu plus loin, mais « très Arberesh : Porto Canone.
Ambiance géniale, panneau de bienvenue en bilingue italien-albanais, porte-clef avec le drapeau albanais accroché à un rétroviseur… Place super animée, avec tous les vieux sur la place en ce dimanche… Marie entre dans l’église en cherchant Marianne et Camille… Le prêtre arrête son prêche , la regarde et lui dit de sortir, avec tous les fidèles la regardant… chaud ! On fait un stop chez Otavio, le chef d’orchestre, qui nous avait laissé entre-temps… Il nous fait une démo d’un instrument ancien, ancêtre du piano, entre clavecin et harpe (cordes tendues sur une planche, cordes simples pour la mélodie et multiples pour les accords puis de piano)… Puis, avec Camille un peu flippée de revoir ses gammes, mais très concentrée et parfaite, ils ne jouent quelques morceaux à quatre mains. Le tout dans un intérieur très « musique de chambre » : tapisseries, meubles anciens, bibliothèques…
Stop chez un ami de Mauricio, superbe vue sur la mer (littoral pas du tout construit dans ce coin)… Piscine… On mange des marrons du jardin… La famille s’appelle « Velardi », comme Marie qui ne connaissait pas d’autres membres de sa famille ! On va manger dans le restaurant à Mauricio… antipasti chaud et froid, délicieux, puis immense soupe de poisson (poissons- crustacés, spaghetti et croûtons) et vin blanc… Camille mange plus que tous les autres réunis… délicieux malgré le goût d’ammoniaque violent de la raie. Désert maison… La fête. Mauricio nous ramène à la gare… Changement total de perspective en revenant devant cette gare… après cette folle journée, on a l’impression de ne plus être au même endroit… Lumière, ambiance, relation à l’endroit : tout a changé !

On est tout fous de l’aventure et on monte dans le train le cœur léger… Nos places sont déjà occupées… on attend le contrôleur dans le couloir… 5 secondes après le départ du train, on se rend compte qu’on est dans le mauvais train.
             
   
On part vers le Nord ! 1h jusqu’au 1er arrêt, à Pesaroo ! On descend, négocie avec le contrôleur et on repart dans l’autre sens… On aura perdu 2h, mais le soir, on sera à Lecce…J’ai envie de dire : Soyez un groupe, n’utilisez qu’un cerveau pour 5 ! Le groupe nous permet de faire des rencontres folles… en cumulant des motivations, compétences… mais peut aussi nous faire monter dans le mauvais train en nous déresponsabilisant totalement. Intérêt du travail en amont au voyage : ceux qui partent sont plus motivés-impliqués…
On reçoit un SMS de Mauricio qui nous dit qu’on est dans le mauvais train… il nous donne l’adresse du fils d’un ancien ministre des affaires étrangères, qui serait heureux de nous rencontrer à Tirana…. Cool.
Arrivée à Lecce… trop tard pour l’auberge dont on avait pas confirmé la réservation… on trouve un hôtel à côté de la gare, pas cher et très bien… Départ pour aller manger en ville. Centre baroque assez fou avec des temples partout… Bourré de monde, un dimanche soir… On traverse la ville pour tenter de concilier le goût (pizza/pâtes/salades) de tous (groupe : toujours un qui dort ou qui à faim… donc toujours besoin de soutiens, ou de se forcer un peu… voyage en groupe = toujours initiatique car toujours naissance de quelque chose de nouveau)… On entre dans un truc puis on ressort comme des malpropres en voyant qu’il y a 0 clients. On fini par manger une super pizza à 3€… TV géante qui tue le cadre très joli… Les mots tabous sont prononcés à tout va : il y a des tournées de café qui se perdent… plus sérieusement, on voit que ses mots tabous (10 mots négatifs sur l’Albanie trouvées dans des articles en Suisse, censurés par nos soins sur les articles, et exclus d’utilisation pendant le voyage) reviennent toujours, et que nous ne sommes pas à l’abris des stéréotypes que nous tentons naïvement de « dénoncer ». Glaces dans la rue… aigle à deux têtes sculptée sur un palais…
Retour à l’hôtel après une folle journée de 18h ! Bonne nuit.
                                       
                                                         
         

 

Lundi 10.10.2005
Recherche d’internet au réveil, en attendant quetout le monde se lèvese lèvent… marche jusqu’au centre ville… impossible de trouver quelque chose d’ouvert. Double café pour Raph’ et Olivier devant la gare, soucoupe avec emplacement pour la tasse décentré + croissant à la Nutella, dans une sorte de pâte d’œuf… bourratif. Les filles les SMS un peu furax (Olivier avait toqué tout doucement à la porte de leur chambre, Marie tout endormie lui avait ouvert, Olivier lui avait dis « rendormez-vous » et venez nous chercher… et les garçons buvaient un café en les attendant… mais elles s’étaient levées, étaient venu nous chercher et n’avaient trouvé personne… exemple de mauvaise com’).
Délires, chansons, expressions, embrouilles = toujours au centre de la construction d’un groupe… beaucoup de rires sur nos échecs, notre position de touristes que l’on tente sans aucun succès de renier.
Retour à la gare pour un nouveau café tous ensemble. Renseignements à la gare sur les trains pour San Foca, lieu d’un centre pour requérants d’asile, construit pour répondre à la première vague moderne d’émigration albanaise en 1997…
Il n’y en a pas, on est renvoyé vers les bus… dans un bâtiment très classe qui ne ressemble pas du tout à une gare de bus (surtout qu’il n’y a pas de bus…). On nous interdit de filmer et on nous renvoie dans la rue derrière…
Devant la gare, on surprend un échange de champignons (comestibles pas mexicains) contre des « films de charmes ».

 
Tous les bus sont parqués, aucun ne semble prêt à partir… une 15aine de chauffeurs, lunettes noires… sont assis devant la porte du bureau et nous matent ambiance mot tabou. Un seul bus fait l’aller aujourd’hui. Aller-retour impossible. On décide d’acheter un pic-nic puis de négocier un taxi ou de prendre un train pour ailleuirs, au bord de la mer… Super petite épicerie où le vendeur nous explique l’histoire du Manneken Pis quand il apprend qu’il y a un belge dans le groupe. Mortadelle, jambon cru, vin, kakis, tomates, fromage, pain… Taxi qui nous semble pas vouloir négocier : 45€ aller simple ! On repart pour l’hôtel dans l’idée de prendre les bagages pour prendre un train. On demande au réceptionniste, à tout hasard, si on peut louer une voiture. Il nous en trouve une pour 50€, ce qu’il trouve cher (forfait 24h, alors qu’on en a besoin pour 4h). Gros débat : trop cher bla bla, trop dangereux bla bla, trop court bla bla… Réexposition du lieu… on décide finalement de se lancer… on nous livre la voiture à l’hôtel. Raph est le seul à avoir son permis sur lui, il conduit donc la bête… un peu chaud pour sortir de la ville mais ensuite, 20 minutes jusqu’à San Foca… Côte superbe, village désert, super ambiance… on trouve le centre Regina-Pacis, complexe impressionnant, tout blanc, plein de barrières…, directement sur la côte. Désert… chiens errants atour… Personne dans le centre qui est visiblement en rénovation… Site à la fois inquiêtant et superbe… Plage… Symboliquement, on arrive de la mer et on est directement dans la prison.
L’aspect « touriste » reprend le dessus, pic-nic et baignade dans une eau super bonne. De retour, on trouve une rue « Albania » : photos/parcours sur toute la rue…
Café/glace… le serveur ne connaît même pas le centre Regina Pacis…
Retour sans embûches, en écoutant des conneries à la radio… Graffitis contre les centres d’internement, traces des multiples manifestations alter-mondialistes dans la région.
On vole un magazine féminin de l’hôtel qui parle de « la mode des Balkans », mettant en scène les mannequins dans des décors « pauvres »… SMS de Jelena qui ne viendra pas… problèmes de famille…
Départ en train pour Bari. Lecture de Kant dans le train, à voix haute, par Raph, avec commentaires collectifs… groupe quand même bien CCC.
Arrivée à Bari… Harcelés par les taxis pour le port… bus pour le port. Raph, resté dehors, doit courir pour monter dans le bus déjà en mouvement…. On opte pour des cabines, quie 10€ de plus que le pont… 130€ par personne. Pizza sur le port, très bonnes…
Limoncello + grappa + cafés puis délire sur le pont et des les couloirs.
             
                     
   
                                                       
Mardi 11.10.2005
Réveil à 7h30 après une bonne nuit. Sur le pont pour l’arrivée… Récup’ des passeports, taxe de 10€ chacun…. Zone grise de l’Europe (comme sur la carte de l’Interrail où seule l’Albanie demeure en gris) en vue : chantier immense… Douane sans accros…
Soudain, il faut sortir des bureaux de la douane… et se plonger dans un monde qui grouille de gens qui font la manche… On attend Magdalena, qui doit venir nous chercher ici pour nous amener à Tirana, en buvant un café à la terrasse… Ambiance on nous demande du pain et nous on commence à flipper pour nos estomacs en goûtant le café. Quelques coups de fils plus tard, on trouve Magda… Elle est venue avec un taxi et un ami en voiture…
On est soudain plongé dans un monde chaotique, un chantier géant… On voit un minibus « Britney Spears »… Mélange de signes connus, « occidentaux », de pub… et d’un immense bordel, d’un système D très africain (essence dans des bouteilles en pet, réparateurs de voitures qui dessinent les logos des marques à la main sur leurs baraques…).
 
             

Les quelques 50km entre Durres et Tirana forment un chantier géant, ininterrompu : toutes sortes de bâtiments mais une constante : rien n’est fini ! Nuage de pollution incroyable… Pub pour une boisson qui s’appelle « Ivi », comme le punk de Tirana du film projeté à Genève.
Soudain, des façades de vieux HLM colorés apparaissent… On entre dans Tirana avec les couleurs du projet controversé du maire, Edi Rama, qui vient d’être réélu (d’après Magda, grâce aux jeunes parce que lui s’en est mis dans les poches mais a fait quelque chose alors que les autres s’en sont juste mis dans les poches).
On arrive à l’auberge qui est entre l’ambassade suisse et un café appelé « Lausanne »… C’est fermé jusqu’à 16h mais Magda appelle et un gars nous rejoint au café… C’est Hysa ([ousa[), patron de l’auberge qui a vécu et étudié à… Genève, pendant 3 ans.

Super auberge, en construction évidemment… Le jour où on arrive, il fait un peu de goudron, chaque client a visiblement payé un bout de la finition… Dortoirs à 5 lits, avec cuisine… Super. Départ pour un bar branchouille « lounge » au centre. Le centre vivant est dans le quartier des anciennes maisons des hauts dignitaires du régime. Aujourd’hui, tout est reconverti en bar… Ambiance très étonnante… on a l’impression d’être dans un quartier d’habitation mais c’est bourré de monde, c’est le centre-ville ! Unique. Très hype… tout le monde bien habillé… entre russe et italien… ensuite, bouffe dans un super bistrot traditionnel où Magda et sa copine Dorris (étudiante aux Arts Appliqués de Genève) nous amènent. Un peu de tout sauf des tripes : tarte à la ratatouille, poulet, pommes de terre délicieuses, poivrons farcis au riz, vergess (fromage frais avec poivron, ail… chaud)…
Tout est détruit dans la ville… l’architecture est très éclectique… monuments communistes étranges et monumentaux qui côtoient des HLM sans crépis… Seule la maison du parti qui vient de gagner les élections est nickelle !

     
                                               
Visite de la biennale… Ce volet (biennale en 5 volets, ouverts les uns après les autres… expo visible totalement qu’au finissage) est autour des tabous de la démocratie (de ce que la démocratie ne prend pas en compte dans sa construction). Dans la galerie des arts, musée renfermant encore des collections réalistes-socialistes… musée bien pourri… mais expo très intéressante, thème non pas excuse mais vraiment suivi.
Sieste pour les uns internet pour les autres. Dorris nous amène une sorte de porridge de sa grand-mère… Blé concassé avec cannelle dessus… un peu fade mais étonnant. Spagh’ à l’auberge, vin albanais dégeulasse. Discussion avec des Allemands (dont la chambre pue la clope froide et les pieds). Ils viennent de descendre tous les Balkans et ils sont totalement choqués par Tirana… c’est de loin le pire qu’ils aient vu. Discussion tendue au sein du groupe pour désamorcer quelques tensions et programmer la suite. Est-ce que ce qui fait un groupe c’est la faculté de créer des sous-groupes ? Ou simplement, comme le pense Marianne, le fait d’être ensemble à un endroit donné, à un moment donné.
   
     
Mojitos à gogo pour relancer le tout… dans le bar-lounge… Discussion à nouveau sur les Kosovars qui ne sont pas « de vrais albanais »… Rencontre avec Elton, un autre étudiant genevois albanais, qui travaille sur l’immigration chinoise en Albanie (liens très forts avec la Chine Maoïste à l’époque). Listes de lectures débiles que l’on fait sur un juke-box (ordinateurs en fait)… On fait fuir quelques clients à coups de voyage-voyage…
Dorris et Magda nous avaient dit : « ici c’est la fête toute la nuit… » mais elles partent à 1h, le bar ferme à 2h, et l’autre bar où elles voulaient nous amener fermait à 11h !
       
   
 
                           
                                                           
                   
 
Mercredi 12.10.2005
Petit déj’ à l’hôtel tranquille… nutella, innondations dans la douche… Départ vers la biennale en espérant voir Edi Mucah, l’un des curateurs de la biennale (celui qui a refusé notre dossier)… En sortant, on croise un gars avec une veste « St-Moritz, Switzerland ».
On arrive à la biennale, on ne nous comprend pas puis on nous mène dans les bureaux… tout pourri… 2 filles très sympas nous accueillent et nous disent que Edi Mucha est à l’autre bâtiment, qu’on a cas y aller, qu’elle vont l’appeler pour l’avertir de notre venue. On écrit le nom du site en legos, sur l’œuvre interactive de Olafur Eliason, qui a déposé un immense tas de legos blancs sur un table à l’entrée.
On va à l’autre bâtiment… on s’arrête en chemin pour acheter un plan… il est trop cher et le gars au kiosque propose de nous faire des photocopies… cool !
Boîte de nuit qui semble être ouverte tout le temps, sur un terrain vague…. Gars vraiment louches, débardeurs, chaînes en or… juste devant, dans la rue, un gars, sur une petite table, vend des journaux et… un flingue !
                                                         
La biennale est dans le parking d’un immeuble en construction. On voit Edi Mucha, un peu saoulé de devoir répondre à nos questions et pas vraiment ni curieux ni sympa…
On voit l’œuvre à… Bujar… celui par qui tout avait commencé et qui avait dit ne pas pouvoir faire un projet avec nous parce que, pour des raisons politiques, il ne pouvait pas participer à la biennale… petit coquin ce Bujar… Les 5 étapes de la biennale construisent petit à petit le tout (question de garder le buzz + raisons financières). Un vieux gardien prend Camille dans ses bras… elle ne sait pas trop quoi faire…
On va manger dans un troquet : börek, fromage, saucisse… on paie l’équivalent en Lek de 5.- suisses pour tous. On trouve un gars qui vend des places pour la match de foot Albanie-Turquie au marché noir. Après négociations, avec toute la rue qui s’en mêle, y compris un vieux moustachu aux chaînes en or tout droit sorti d’un film de Bregovic… On achète des places pour 1200 leks, soit 4x leur prix d’origine… mais ils ne négocient pas beaucoup par ici ! Les filles vont à la biennale avec Magda et Dorris et les garçons vont au foot !
                                                         
                 
                                                         
                   
 
               
                                 
Ambiance rue bloquée et fouilles partout mais, une fois dedans, super ambiance… on est avec les supporters turcs et le match est sans importance pour les Albanais… les turcs doivent gagner pour aller au mondial et, ici, tout le monde dit que le match a été vendu… en regardant le match, ça ne paraît pas impossible : les Albanais dominent nettement la première mi-temps mais ne marquent pas et se prennent un goal en deuxième… Les Albanais auraient soutenus leurs amis turcs pour qu’ils aillent eux plutôt que les Danois, à la World Cup. Ambiance très bon-enfant… musique turque traditionnelle… les Albanais qui sont du côté turc rigolent avec eux… Avant le match, une immense banderole à l’effigie de Skenderbeu est déployée.
                                     
Un parapente qui passe sur le stade fait de la pub pour Motorola. Du côté albanais, en face, il y a une banderole « Murati, Maradona of The Balkans », une autre « United States of Albania »… Les supporters Kosovars ont leur propre fan-club. On est pris pour des turcs et on ne peut pas quitter le stade parce qu’ils veulent faire sortir tous les Albanais d’abord… Raph demande à la sécurité, en anglais, pourquoi on ne peut pas sortir… Ils répondent « Ah ! Americanos ! »… et nous laissent partir…. On passe de Turcs à Américains en 2 secondes…. On traverse la ville à pied (comme toujours), au milieu de la foule qui rempli la ville en sortant du stade, pour rejoindre les filles au bar que tient Hysa. Sur la grande pyramide du centre ville (qui était un musée du parti et est aujourd’hui une boîte de nuit), les gosses montent avec des cartons et font du toboggan. Ambiance « chute du mur de Berlin ».Super souper dans le bar avec chefte, vergess, salades… Retour à pied de l’autre côté de la ville à nouveau. Dorris et Magda ne nous croient pas quand on leur dit qu’on se dirige sans problème dans la ville et qu’on marche autant… On leur dit qu’on veut aller au marché… elles nous prennent pour des fous… “vous allez voir des paysans, des mutilés…“
Est-ce que les rencontres sont vraiment si différentes de ça que la visite de monuments « touristiques »… finalement : rapport très similaire car de toute manière biaisés de par notre position de touristes… C’est peut être plutôt le recul face à ses visites ou ses rencontres, la reconnaissance de notre statut particulier (et du fait qu’on s’adresse toujours à nous comme à des gens qu’il faut convaincre, à qui il faut, même inconsciemment, inculquer les clichés (bons ou mauvais) sur le pays)…. qui fait qu’une expérience peut dépasser le tourisme pur.
Rakis sur la terrasse de l’auberge… le voisin vient crier… c’est vrai qu’il est quand même 22h et que l’on parle !
   

Jeudi 13.10.2005
Départ à peine plus rapide. Visite de deux quartiers populaires avec le marché… Assez beau marché. Huile d’olive dans des bouteilles en pet, fromage dans des bidons plastiques. On fait des courses pour la soirée fondue… on prévoit quand même des salades si c’est trop raté… On achète du tabac, en vrac, à un vieux… on lui désigne un tas, il nous roule une clope et nous la donne… Ensuite, on négocie le prix, on en met un tout petit peu dans le papier journal qu’il nous étend et lui nous en rajoute 10 fois plus. On lui tend 50 leks (40 centimes) et il nous dit « respect »… et on en reste là ! Un autre petit vieux suit la scène en rigolant, en fumant sa clope…
Retour à l’hôtel, super salade à l’auberge… Courte sieste et on commence la cartographie des trous de la ville avec Camille et Marianne. Ça nous mène dans des lieux dégeulasses… poubelles étalées partout, pauvreté totale… vraie misère.. éprouvant et pollué à mort…

Retour à l’auberge, Camille se sent pas bien… elle sera malade toute la soirée et toute la nuit, pendant la réalisation de « son projet »… Tellement triste… Super repas avec fondue au Raki et Kashkabal. Assez ressemblant mais trop salé et un peu de grumeaux… On a invité Magda, Idris (son pote), Hysa et Dorris mais elle est malade… On goûte le raki maison de chez Magda… super bon, rien à voir avec celui du commerce… On apprend que 18° ne veut pas dire 18% comme en Suisse mais environ 50% ! Hysa connaissait personnellement Ivi, le punk… Marie l’enregistre sur le sujet…. David, un espagnol de passage nous rejoint… On part voir le concert de Idris… C’est en fait dans un club bien select, avec un groupe « d’ambiance » qui joue de la pop (aussi albanaise parfois)… quand on arrive, ils jouent du Richard Clayderman… Tequila et whisky… Raph est bien lancé (normal, c’est son projet)… Il va danser avec des gars qui sont là… n’importe quoi… on parlera de « l’entraîneur »… addition de 250.- (sûrement 2 mois de salaire ici)… c’est la merde pour payer… on a pas l’argent… on doit donner une partie en Euros… on est fauchés…. Les deux dernières tournées de whisky sont tombées d’on ne sait pas d’où… elles sont d’ailleurs restées sur la table mais bel et bien payées… Magda n’est pas très contente de devoir reprendre ses esprits pour assumer l’addition… Marie est rentrée plus tôt… Magda lui a appelé un taxi et négocié le prix… mais elle se fait quand même arnaquer et doit payer 1000 leks à la place des 300 négociés… prétexte d’un manque de monnaie… Elle est bien énervée.
                     
 
 
                   
                                     
                                       
Vendredi 14.10.2005
Premiers levés à 8h… Raph qui s’était endormi dans le « salon » va se coucher… On voit un gars qui dort dans le dortoir à côté du notre, avec ses chaussures… c’est Hysa qui dort à l’auberge ! Olivier va boire un café puis se recouche après avoir croisé Marie qui partait interroger des artistes locaux… Raph dort, Camille lit tranquille, Marianne et Olivier cartographient… Visite du quartier vers la gare : marché couvert style « Emmaüs géant »… Achat de grills de fortune à un vieux type trop mythique. Dîner dans le bar de Hysaa… Dans un petit havre de verdure et de tranquillité en plein milieu du chaos, super vergess. Visite du hall de l’hôtel international… luxe quand même bien peu luxueux… Sieste puis vernissage du 4ème épisode de la biennale.
                                       

Très « djeuns-jet set locale »… on revoit les même personnes que dans les bars branchés… Expo pas terrible sur le sexe… très attendu…. Bonne idée : mettre le buffet du vernissage à la fin du parcours de l’exposition…. Pas de vin avant d’avoir visité ! Bouffe de chefte puis au revoir rapide à Magda et Dorris qui sont tristes de retourner en Suisse, dans l’ambiance sur-sonore du Charles… très branchouille toujours… Gars avec un tambour qui se promène dans la rue, pour annoncer l’heure de la fin du Ramadan pour la journée…
Petite discussion au « salon » de l’auberge puis dodo… Marie a rencontré un responsable de pro-helvetia Albanie qui est intéressé par notre projet et propose un échange d’expos Genève-Tirana… il nous ferait une lettre de recommendation pour avoir de l’argent de la part de Pro Helvetia Suisse.


Samedi 15.10.2005
Bagages/Mise à jour du site sur internet… Hysa nous trouve un taxi où on peut tous monter, pour le soir… Recherche des « boules de gras » (boules de pâte frites repérées la veille)… impossible à trouver… Pizzza (à 10h30… ça devient n’importe quoi !)… Marie et RAph vont voir une perfo d’un suédois soutenu par une assoociation qui soutient notamment les femmes artistes en Albanie.

               
                                 
             
Camille, Marianne et Olivier, vont boire un café avec Florian et ses potes du groupe LK 47 (référence à l’AK 47/volonté d’une arme culturelle), qui ont collaboré sur un projet à Prishtina en collaboration avec la biennale : volonté de remplacer les icônes militaires extrémistes par une nouvelle iconographie, basée sur de nouveaux événements publics, ce qui n’existe plus dans la région… Ils ont organisé des fêtes publiques, pris des photos, et laissé des posters de ces photos sur place, dans le but que les gens les collent sur les anciennes images de leader politiques… Ils sont un peu fous (Marianne se fait à moitié déboîter l’épaule parce qu’elle utilise le mot « parasite » pour parler de leur pratique et que Florian est si content qu’il exprime sa joie en la secouant par le bras !) mais très sympas et intéressants… ils partent sur la montagne en balade et nous laissent leur pote le plus che-lou… il est en train d’écrire une pièce de théâtre sur un révolutionnaire : Napoléon ! On s’éclipse vite fait…
     
Dernier vergess et re-cartographie des trous. Marie fait encore quelques contact de dernière minute… on croit qu’elle a disparu, ne la voyant pas à l’heure du rendez-vous pour le départ…
C’est parti pour plus de 30h de voyage retour !
Voyage en jeep sans suspension, jusqu’à Durres… Pas mal de contrôles pour monter sur le ferry… Traversée moins enthousiaste qu’à l’aller… de toute façon, le bar ferme à peine on y arrrive…
     
 
Dimanche 16.10.2005
Tout le monde est crevé et/ou malade. Beaucoup de contrôles à nouveau pour descendre en Italie… on est au milieu d’une énorme masse qui attend pour le contrôle douanier… Marianne va dire à la porte qu’on est suisses/français… ils nous laissent passer devant… sous des regards ma foi forts sympathiques… Café devant la gare… Voyage ambiance fin de voyage en groupe… Une partie du trajet avec le groupe dispersé dans 3 wagons ! Travaux en gare de Milan… on doit descendre une gare avant, prendre le métro (rien d’indiqué) et… payer !
La locomotive de notre train est en panne… on roule à 80km/h entre Domodossola et Genève, prenant énormément de retard (en plus, comme on arrive après les dernières correspondances, on s’arrête dans tous les bleds…) . On arrive avec plus de 2 heures de retard… SMS et Rakis… Arrivée à 2h30 à Genève (Marie, la chanceuse, est descendue à 0h30 à Sion… on lui a dit quelques mots gentils à travers la fenêtre, lorsqu’elle était sur le quai)…